Image : ©NAVALGROUP
Mercredi 15 septembre 2021, à 23h, la nouvelle est tombée et a assommé tout le monde sur son passage : le premier ministre australien, Scott Morrison, a annoncé officiellement sa volonté de rompre le contrat avec Naval Group pour la construction de sous-marins à propulsion conventionnelle au profit de sous-marins à propulsion nucléaire en utilisant une technologie américaine. Retour sur cette onde de choc.
- Flashback : Naval Group signe le contrat du siècle en Australie
En 2016, Naval Group avait gagné un appel d’offres international face à l’Allemagne et au Japon pour fournir à la marine australienne 12 sous-marins à propulsion conventionnelle. La victoire française avait été obtenue notamment grâce au transfert de technologie inédit permettant à l’Australie d’avoir tout le savoir-faire nécessaire pour concevoir, fabriquer et entretenir en toute autonomie ses sous-marins.
En février 2019, 18 mois de discussion plus tard, un accord avait été trouvé entre Canberra et Paris déclenchant ainsi la signature du contrat du siècle.
Les sous-marins vendus à l’Australie figurent parmi les plus gros sous-marins à propulsion conventionnelle avec une centaine de mètre de long, environ 5 000 tonnes de déplacement pour un équipage de plusieurs dizaines de personnes. Ces sous-marins ne sont pas comme les sous-marins à propulsion nucléaire, de type Barracuda. En effet, les sous-marins à propulsion nucléaire peuvent rester sous l’eau pendant une très longue période alors qu’un modèle conventionnel refait surface à intervalles réguliers.
Ce contrat historique sur 50 ans leur assurait un avenir prospère mais l’Australie a finalement changé la donne en optant pour des sous-marins à propulsion nucléaire.
- Rupture du contrat : le coup dans le dos australien
C’était à 23h, le mercredi 15 septembre 2021, que l’on apprenait la décision inattendue de l’Australie de miser sur une technologie à propulsion nucléaire de fabrication américaine. Le premier ministre australien explique alors : « la décision que nous avons prise de ne pas continuer avec les sous-marins de classe Attack et de prendre un autre chemin n’est pas un changement d’avis, c’est un changement de besoin. »
Un changement soudain qui a provoqué une onde de choc et qui dans les faits, s’inscrit dans le cadre d’un accord géopolitique bien plus large : un partenariat trilatéral entre l’Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne en matière de sécurité, appelé Aukus, axé sur l’alignement des technologies et des défis régionaux et visant à contrer l’influence de la Chine dans la région.
Après cette annonce rare sont ceux qui ne sont pas tombés de haut d’autant plus que, d’après le PDG de Naval Group, Pierre-Éric Pommelet, tous les signaux étaient au vert et une nouvelle étape devait être franchie avec le démarrage de la phase d’étude sur le design des sous-marins dont le premier exemplaire devait être construit en 2023.
C’est alors le coup de massue pour Naval Group ainsi que pour tous ses partenaires dont le Groupe FIVA.
« Nous réalisons environ 30 % de notre chiffre d’affaires avec Naval Group, confie Serge Boniface, Directeur Général du Groupe FIVA. Historiquement on les a toujours accompagnés à l’export donc quand Naval Group a décroché ce contrat nous avons fait le choix de racheter deux entités australiennes, une première en 2018 puis la deuxième en 2019, afin d’être au plus près pour les accompagner dans la fabrication des sous-marins. Même si nos filiales australiennes travaillent pour d’autres secteurs d’activités, il va être difficile de rentabiliser notre investissement. Dans notre plan de charge prévisionnel, nous comptions sur le contrat australien pour prendre le relais à la fin de notre mission sur le Barracuda. Normalement, à partir d’octobre, le contrat allait réellement démarrer et on s’apprêtait à mobiliser environ 20 collaborateurs. On devait réaliser la plupart des études en France jusqu’à la phase d’industrialisation, en 2023, puis en Australie jusqu’en 2028. À cause de cette annonce, plus qu’inattendue, nous risquons de devoir faire face à un trou d’air si la DGA ne prend pas la décision d’accélérer les sous-marins nucléaires de 3ème génération (S3G). »
Malgré cela, le Groupe FIVA garde la tête froide et se mobilise pour limiter les conséquences en replaçant un maximum de collaborateurs sur d’autres prestations.
« DIVA Ingénierie ainsi que la Direction du Groupe sont mobilisés pour repositionner nos collaborateurs dans les secteurs du Naval et du Nucléaire, confirme Jean-Michel Louveau, Responsable d’Activités DIVA Ingénierie. Nous réalisons également des démarches dans d’autres secteurs qui correspondent à nos métiers car nous ne voulons fermer aucune porte. L’ensemble des entités du Groupe est également mobilisé pour favoriser le travail intragroupe. Nos premières démarches ont d’ailleurs porté leurs fruits car nous avons réussi à repositionner certains collaborateurs et nous continuons de travailler d’arrache-pied pour en replacer un maximum. Cette annonce a été un choc mais le Groupe et ses entités ne sont pas en péril. Il s’agit forcément d’un moment difficile à passer car nous restons encore dans une grande incertitude concernant la ré-internalisation de la charge par Naval Group et donc sur les conséquences de l’arrêt du contrat AFS. Nous attendons des informations fiables pour communiquer en interne mais même Naval Group est encore dans le flou donc ce n’est pas évident pour nous de se projeter. Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que DIVA Ingénierie est reconnu comme un partenaire historique par Naval Group qui s’est engagé à faire tout ce qu’il est possible pour nous préserver et garder le maintien des compétences en place. Gardons également en tête que le programme S3G et le porte avion vont arriver, certes ça ne sera pas pour demain mais ça va arriver. Ce que je veux dire par là c’est qu’on sait que la charge sera là à un moment ou un autre, en attendant DIVA Ingénierie va poursuivre ses efforts pour envisager l’avenir. »